LE KYUDO (La Voie de l'arc)

SANS LE ZEN,LE KYUDO N’A PAS DE SENS : OMORI SOGEN ROSHI

MAITRE AWA KENZO (1880-1939)

La Pratique du Grand Tir Intérieur

 

Le Kyudo (La Voie de L’Arc), est l’un des 18 Arts guerriers, pratiqués par les Samouraï.

La Voie de L’Arc est passée de la pratique guerrière, à l’expression de la pratique du Zen debout, le "Ritsu Zen", par rapport au Zen assis, le "Zazen".

 

 

LE KYUDOJO DE BOURGES

Affilié à la Fédération de Kyudo Traditionnelle et la FFAB

 

Portes ouvertes vendredi prochain 7oct. de 20h30 à 22h au gymnase Jean Moulin

 

 

Accès dojo (Google maps)

Gymnase Jean Moulin

Rue Jean Moulin

18000 Bourges - Nord

 

 

LES COURS

 

 

Horaires

Lundi : de 18h00 à 20h00

Vendredi : de 20h00 à 22h00

 

Organisation des cours

Tous les cours sont accessibles à tous les niveaux de pratique

 

 

RENSEIGNEMENTS

 

William KLEINSMITH (Bill) : 02-48-50-40-46

 

EMAIL : bill.kleinsmith@wanadoo.fr

 

Les cours sont assurés par

William KLEINSMITH (Bill)

 

 

LA TENUE

 

La tenue d’exercice standard est composée des éléments suivants :

- Le Keikogi, haut blanc, à manches courtes

- Le Hakama, une jupe-pantalon (Ou jupe pour certains modèles) longue, noir pour les hommes, noir ou bleu marine pour les femmes, il est légèrement différent selon les sexes (Ceinture montante à l’arrière pour les hommes)

- Le Obi, ceinture épaisse qui se place sur le Keikogi mais sous le Hakama

- Les femmes portent un Muneate (protège-poitrine), blanc, noir ou transparent, en plastique ou en cuir

- Les Tabi sont des chaussettes blanches, au pouce séparé

- Les Zori, sandales japonaises, sont utilisées pour se déplacer en dehors du Dojo


Après quelques années de pratique assidues, les pratiquants doivent porter le Kimono, dont les couleurs délicates et variées apportent une beauté certaine à la cérémonie du tir.

 

 

L’ARC : YUMI

 

L’arc japonais est très particulier et n’a d’équivalent dans aucun pays du monde. Il est très grand et privé de tout équipement, sa poignée est placée asymétriquement, au tiers inférieur, et lors de la décoche de la flèche, il pivote dans la main de l’archer, si bien que la corde vient toucher l’extérieur de son avant-bras gauche.

Dans les temps anciens, l’arc est taillé dans un seul morceau de la partie la plus solide du tronc du zelkova (Tsuki ou Keyaki) ou du catalpa (Azusa). À partir du Moyen-âge, il est construit selon la méthode du lamellé-collé avec du bambou en forme à double courbure. L’arc utilisé dans le Kyudo est un arc long arc et mesure environ 2,20 m. Cet arc, moins fonctionnel qu’un arc court, est pourtant conservé par les archers, car ses défauts sont largement compensés par la qualité de ses matériaux naturels, la simplicité de sa forme presque primitive, son élégance et sa beauté. Pour le pratiquant du Kyudo, l’arc et les flèches sont des objets de vénération (Tempyo), investis de spiritualité et utilisés avec respect.

À noter que tous les pratiquants, droitiers ou gauchers, tiennent l’arc de la main gauche afin de rester toujours en face des juges qui se trouvent devant le Tokonoma (Sorte d’autel).

Autre particularité : la flèche se pose sur le côté droit de l’arc, à l’inverse de ce qui se fait dans le tir à l’arc occidental.

 

Yumi

 

Matériaux

Les arcs existent en bambou ou en matières synthétiques. Le bambou est évidemment le matériau le plus noble pour la pratique du Kyudo, et pas seulement pour des raisons esthétiques : la nature même du Kyudo appelle un matériau naturel. Mais l’arc en bambou est délicat, sensible et fragile, presque vivant. Il ne supporte pas la négligence et demande un soin de tous les instants, ainsi qu’une technique de tir sans défaut, pour qu’il ne se déforme pas. Le pratiquant doit le retravailler en fonction de l’humidité ou de la sécheresse de l’air.

Les débutants sont donc plutôt amenés à commencer la pratique du Kyudo avec un arc en fibre de verre ou en fibre de carbone.

Tailles

La taille de l’arc est adaptée à la taille de l’archer.

Taille de l’archer
Type de l’arc
Longueur associée
Moins de 1,50 m Sansun-tsumari 2,12 m
Entre 1,50 m et 1,65 m Namisun 2,21 m
Entre 1,65 m et 1,80 m Nisun-nobi 2,27 m
Entre 1,80 m et 1,95 m Yonsun-nobi 2,33 m
Entre 1,95 m et 2,10 m Rokusun-nobi 2,39 m
Plus de 2,10 m Hassun-nobi 2,45 m

Force

La puissance des arcs varie en fonction de la force de l’archer, allant en général de 10 à 25 kg.

 

 

LES FLECHES : YA

 

Matériaux

Les flèches peuvent être en bambou, en aluminium ou en fibre de carbone ; le choix du matériau se fait surtout en fonction du prix, car il n’y a pas vraiment de problème d’entretien pour les flèches en bambou. Il suffit de les frotter réguliérement avec un chiffon imprégné d’huile d’amande douce.

Les flèches pour le tir à la Makiwara sont dépourvues d’empennage, et la pointe, toujours en métal, en est conique. Les flèches pour le tir à la cible (Mato) ont une pointe en métal, plus fine.

 

Tir sur les cibles de type "Mato"

 
 

Le Hazu, à l’autre extrémité de la flèche, est une petite pièce en corne ou en plastique, qui comporte l’encoche. Il existe une très grande variété de plumes pour l’empennage des flèches destinées au tir à la Mato. La qualité, et donc le prix, varient énormément, des plus simples (Dinde), aux plus luxueuses (Aigle noir, faucon). Elles demandent un léger entretien : il faut les remettre en forme régulièrement, à la main ou à la vapeur.

Taille

L’épaisseur du fût des flèches varie en fonction de la puissance de l’arc. Quant à la longueur des flèches, elle se détermine en fonction de la taille de l’archer. Elle est égale à la longueur entre le milieu du cou et l’extrémité du bras gauche tendu (Yazuka), longueur à laquelle on rajoute 5 à 10 cm, pour la sécurité du tir.

Haya et Otoya

Au Kyudo, on tire deux flèches à la suite. La première s’appelle Haya, la seconde Otoya. On reconnaît l’une de l’autre par le sens de l’incurvation des plumes. Haya est incurvée dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, et tournera, lors du tir, dans le sens des aiguilles d’une montre. Otoya est incurvée dans le sens des aiguilles d’une montre, et tournera dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

 

 

LA CORDE : TSURU

 

"La corde compose la partie essentielle de l’arc. Elle représente l’axe du monde autour duquel tout gravite ; le point d’encoche de la flèche est le centre du monde manifeste. La légende veut que l’arc n’ait pas été inventé par l’homme, mais soit un don de Dieu ; elle ajoute que l’arc se conçoit à partir de la corde, et non le contraire." (Michel Martin)

 

Ancienne corde "Tsuru", enroulée autour du "Tsurumaki "

 

Matériaux

Là aussi, les matériaux naturels coexistent avec les fibres synthétiques. Les meilleures cordes sont celles en chanvre naturel, bien que plus fragiles, moins résistantes. Elles permettent un lâcher plus doux, avec un Tsurune (Son que fait la corde au moment du lâcher) plus délicat.

Les cordes en fibres synthétiques ou mélangées sont plus solides. L’épaisseur de la corde est fonction de la puissance de l’arc.

Les cordes naturelles ou mélangées demandent un entretien régulier, de façon à en prolonger la durée de vie. Elles doivent être enduites d’une résine de pin (Kusune), puis frottées avec un Waraji, de façon à bien répartir le Kusune et en imprégner les fibres de la corde.

L’archer doit toujours avoir près de lui une seconde corde, préparée, enroulée sur un Tsurumaki. Ainsi, si sa corde casse au cours d’un Sharei, elle peut être remplacée sans en géner le déroulement.

 

Nakajikake

Le Nakajikake est la partie renforcée de la corde à l’endroit où la flèche est encochée. Il se prépare en enroulant la corde avec de la filasse, sur une hauteur d’environ 9 cm. Il peut se préparer avec de la colle blanche ou du Kusune, puis on le presse fortement à l’aide d’un Doho, outil formé de deux morceaux de bois.

 

 

LE GANT : KAKE

La main droite, qui tient la corde, est protegée par un épais gant de cuir, aujourd’hui encore fait artisanalement avec du cuir de cerf, très renforcé au niveau du pouce et du poignet. Il existe trois sortes de gants, les plus utilisés sont le Mitsugake, gant à 3 doigts et le gant à quatre doigts, Yotsugake, utile pour ouvrir des arc forts.

 

Gant "Kake"

 

L’archer doit toujours être agenouillé en Seiza, lorsqu’il met son gant.

Le cuir étant une matière vivante, le gant doit être entretenu avec soin. En particulier, il ne faut jamais ranger un gant humide, ou avec un sous-gant humide à l’intérieur. Le gant se range dans un étui en tissu, qui permet au cuir de respirer. Pour ne pas l’abîmer prématurément, il faut éviter l’excès de Giriko, cette poudre que l’on met sur le doigt qui referme le Torikake pour empécher un lacher inapproprié.

 

 

L'ORIGINE DU KYUDO

 

Bien que tir à l’arc existe depuis la fin du Paléolithique supérieur (-10.000 ans), le Kyudo, le tir à l’arc japonais, quant à lui s’est développé comme un art martial pendant l’ère des Samouraï.

Kyudo signifie la Voie de l’Arc :

Kyu : Yumi (Arc)

Do : Michi (La Voie)

Si l’arc japonais était utilisé avant tout pour la guerre par les Samouraï entre le 12éme et le 16éme siècle, c’est pendant l’ère Edo (1603-1868) que, comme pour les autres arts japonais, celui-ci a connu son principal essort. Pendant cette période de plus que 250 ans, le Japon a fermé ses portes aux étrangers et s’est replié sur lui-même. Le pays a connu une longue période de paix sous la direction des Shogun successifs. Du fait de ces conditions favorables, le Japon a prospéré et a développé les arts qui sont connus comme typiquement japonais, par exemple, le Sado (La cérémonie de thé), le Kado (L’arrangement des fleurs), le Ukiyoe (Les estampes), le Kabuki (Le théâtre), le No (Le théâtre) et bien sûr le Kyudo.

 

 

Le Kyudo est considéré au Japon comme l’un des Budo les plus purs et est pratiqué par quelques 600 personnes en France, licenciées à la Fédération Française de Kyudo Traditionnel. Il n’est plus une arme depuis longtemps… Aujourd’hui, le Kyudo est pratiqué avant tout pour atteindre à un certain niveau physique, moral et spirituel. L’influence philosophique très forte du Zen, adopté il y a plusieurs siècles par les Samouraï comme méthode d’entraînement moral, permet aujourd’hui aux pratiquants modernes du Kyudo de mieux se comprendre et de mieux comprendre le monde autour d’eux.

"Il ne s’agit pas de viser une cible extérieure, mais l’archer et la cible sont unis, on intégre la cible à soi-même. Il faut oublier l’arc qui tire, oublier soi-même, ne faire qu’un avec l’arc et la cible, tendre vers l’infini sans en connaître le point d’aboutissement…" disait Anzawa Sensei, grand Maître de Kyudo au Japon, mort en 1970.

 

MAITRE ANZAWA HEIJIRO (1887 - 1970)

« GEN NI ENSUREBA MICHI O USHINAO »
CELUI QUI SE POLARISE SUR LA TECHNIQUE PERD LA VOIE

 

L’arc japonais est très particulier et n’a d’équivalent dans aucun pays du monde. Il est très grand et privé de tout équipement, sa poignée est placée asymétriquement, au tiers inférieur pour permettre de tirer à genou ou à cheval, et lors de la décoche de la flèche, il pivote dans la main de l’archer, si bien que la corde vient toucher l’extérieur de son avant-bras gauche. À noter que tous les pratiquants, droitiers ou gauchers, tiennent l’arc de la main gauche afin de rester toujours en face des juges qui se trouvent devant le Tokonoma (Sorte d’autel). Autre particularité : la flèche se pose sur le côté droit de l’arc, à l’inverse de ce qui se fait dans le tir à l’arc occidental. Il y a des arcs de différentes tailles, et de toutes puissances, adaptés à différents types d’archers. Le Kyudo n’est pas une question de force physique et est ouvert à toutes et à tous, quel que soit l’âge.

Une grande importance est donnée à la qualité de la posture et du gestuel. Le Kyudo n’accorde qu’une place accessoire à la précision du tir, qui n’est en fait que le résultat inéluctable d’un "Tir Parfait", c’est à dire parfaitement exécuté en respectant les principes transmis par les lignées ininterrompues des Maîtres Archers. Le tir parfait sera non seulement précis, mais emprunt de dignité et d’esthétique, dimensions fondamentales de la pratique du Kyudo. Esthétique du geste rhytmé et harmonisé à la respiration, esthétique de la posture équilibrée, soulignée par la beauté des formes de l’arc.

Tout l’art du Maître est de guider le pratiquant dans l’exécution très précise de ces gestes, rendue possible seulement par une concentration ininterrompue, et un entraînement intense et régulier.

 

 

L'ART DU KYUDO

 

Pendant l’époque des Samouraï, le Kyudo s’appelait "Kyujutsu", ce qui signifie "Technique de tir à l’arc". Il y avait et il y a encore beaucoup d’écoles traditionnelles de tir à l’arc au Japon. Elles gardent les méthodes et la philosophie créées pendant l’ère Edo. Le mot Kyudo lui-même est né dans pendant l’ère Meiji, ère qui succède à l’ère Edo.

 

MAITRE HONDA TOSHIZANE (1836–1917)
Heki-ryu Chikurin-ha 
Fondateur de "l'Ecole Honda"
Maitre d'Awa Kenzo

 

Le début de l’ère Meiji se caractérise par de très grands changements dans la structure de la société japonaise dans les domaines politiques, économiques, sociaux et culturels. Les classes de l’ancien régime sont éliminées, la classe des Samouraï perd son pouvoir et le Japon ouvre ses portes au monde extérieur. Du fait de la disparition des Samouraï, le nombre des pratiquants du Kyujutsu diminue considérablement. Le Kyujutsu se transforme alors en Kyudo, un art martial plus orienté vers le sport et abordable par le plus grand nombre. Une nouvelle forme de tir émerge, le Kyudo moderne. Dans ce nouveau Kyudo, c’est non seulement l’efficacité du tir mais aussi le chemin de la Vie et du perfectionnement de soi qui sont recherchés.

 

 

PLAN D'UN KYUDOJO

Un Kyudojo traditionnel est composé d’une salle de tir abritée, le Shajo, d’une "Maison des cibles" ou Matoba, abritée également et située à 28 mètres de la ligne de tir.

Ces deux parties sont séparées par un espace ouvert de pelouse ou de graviers ratissés, sur le côté duquel est aménagé le Yatori Michi, ou chemin pour aller chercher les flèches. Le même arrangement est reproduit dans un simple gymnase, par un marquage au sol et avec des pièces de bois.

Le Shajo est la salle de tir où se tiennent les archers et les Sensei. Sur le côté droit du Shajo (Lorsqu’on regarde les cibles), se trouve le Kamiza, espace réservé aux Sensei et à une sorte de petit autel, le Tokonoma. On y trouve souvent une calligraphie reproduisant une citation liée au Kyudo, une photo d’un Sensei japonais décédé ou une composition florale.

Les lignes de tir, Shai, et de salut, Honza, sont repérées par des pièces de bois situées à l’extrème droite, au sol. D’autres pièces de bois peuvent matérialiser l’entrée et la sortie du Shajo.

 

 

Azuchi (Ciblerie), Kyudojo

Au-dessus des cibles, on trouve souvent l’Azuchi no Maku, rideau décoré d’une calligraphie.

 

 

Il y a en Kyudo deux types de cibles, la Makiwara et la Mato.

  • La Makiwara est une botte de paille solidement liée, posée sur un support à hauteur du visage de l’archer. C’est la cible avec laquelle on débute au Kyudo, avant de pouvoir tirer à la Mato, mais c’est aussi la cible idéale pour le perfectionnement. L’archer se tient à environ deux mètres et s’entraîne à la précision et à la justesse de ses gestes. Ce type d’entraînement permet de ne pas être troublé par le souci d’être performant en termes de but à atteindre. Il est donc plus aisé de se concentrer sur la perception de sa forme et de ses gestes devant une Makiwara.

 

Cible Makiwara

 

  • La Mato, la cible proprement dite, est un cercle de bois recouvert de papier. La plus commune, celle de 36 cm de diamètre, est utilisée pour le tir à 28 mètres, le tir le plus courant (Kinteki). Les Mato sont disposées sur l’Azuchi, butte de sable à l’abri de la Matoba. Dans un gymnase, on reconstitue artificiellement l’Azuchi grâce à des plaques d’un matériau particulier.

 

Cible Mato

 

Lors de l’entraînement, il est d’usage de laisser la dernière Mato au Sensei : de cette place, il peut voir le tir de ses élèves devant lui. Les Mato sont séparées de 1,80 m (De centre à centre). Elles sont fixées à environ un poing (10 cm) au-dessus du sol (Le centre est ainsi à 27 cm du niveau du sol), et inclinées d’environ 5°.

Il existe aussi une cible plus grande, de 1,50 m de diamètre, utilisée pour le tir à longue distance (Tir Enteki, généralement 60 mètres). Enfin, une toute petite cible de 9 cm de diamètre est utilisée pour des occasions spéciales, plus festives. Elle peut être dorée ou argentée, et celui qui la touche l’emporte.

 

 

LE KYUDO, LA PHILOSOPHIE DU TIR

 

Le Kyudo est considéré au Japon comme l'un des Budo les plus purs. Cet art martial très ancien, dont les origines se perdent entre mythologie et légende, est aujourd'hui pratiqué par quelques personnes en France.
Le Kyudo est une Voie de développement physique, moral et spirituel, de réalisation de Soi. Le Kyudo, comme tout Art Martial japonais, est un héritage des Samouraï. .Il se distingue cependant des autres arts plus connus (Kendo, Judo, Karaté, Aïkido, ...) par le fait qu’on n’y combat aucun adversaire extérieur.

Au Kyudo, on dit qu'il s'agit "d'atteindre la cible intérieure", car l’objectif n’est pas la victoire obtenue sur l’autre, mais bien la victoire permanente sur soi-même.

"Il ne s'agit pas de viser une cible extérieure, mais l'archer et la cible sont unis, on intègre la cible à soi-même. Il faut oublier l'arc qui tire, oublier soi-même, ne faire qu'un avec l'arc et la cible, tendre vers l'infini sans en connaître le point d'aboutissement... " disait Anzawa Sensei, grand Maître de Kyudo au Japon, mort en 1970.

L'histoire de l'arc est intimement liée à l'humanité. À son origine, l’arc est une arme de chasse ou de guerre dont la fonction est de tuer. Ainsi, dès que l’archer encoche sa flèche avec l'intention de tirer, il rejoue le drame permanent de la vie et de la mort, de sa vie et de sa mort. Un Maître de Kyudo a dit un jour : "Votre première flèche doit atteindre la cible comme pour tuer un ennemi car si vous le manquez, lui peut vous tuer ". Cette image rappelle à l'archer qu'il doit mettre toute son âme dans chaque flèche, comme si c'était sa dernière : "Une flèche, une vie". Fortement pénétré de cette évidence, le tir à l’arc au Japon ne s’est pas limité à la fonction utilitaire de tuer mais a été investi d’une dimension symbolique et spirituelle.

 

 

Au Kyudo, on apprend à utiliser son énergie de manière équilibrée en la répartissant dans tout le corps, et à n'utiliser que la force nécessaire à l'accomplissement de la tâche que l'on veut effectuer, ni plus, ni moins. Le processus d'apprentissage est long et difficile. L'entraînement doit toujours être axé autour de ces six éléments : la vérité, la bonté, la beauté, l'équilibre, l'humilité, la persévérance.

L'influence philosophique très forte du Zen, adopté il y a plusieurs siècles par les samouraïs comme méthode d'entraînement moral, permet aujourd'hui aux pratiquants modernes du Kyudo de mieux se comprendre et de mieux comprendre le monde autour d'eux.

Symbolisé par la jonction de la ligne, verticale qui relie le ciel (Tradition Taoïste) et de la ligne horizontale qui relie celle de la matérialité, le Kyudo s'appuie sur une géométrie rigoureuse, permettant de développer une bonne posture.

La flèche de la connaissance perce le cœur de l’ignorance.

 

Elle exprime le principe de l’unité :

- Esprit / Corps
- Arc / Flèche
- Kyudoka / Cible

 

La quintessence du Kyudo peut se résumer en cette maxime : "ISSHA SETSUME", UN TIR UNE VIE.

Le Kyudo (la Voie de l'Arc) est une opportunité unique de rencontrer l'essence des Arts Martiaux japonais .

Cette pratique du tir à l'arc traditionnel japonais est accessible à tous, quels que soient la constitution, l'âge ou le sexe. Ce qu’on cultive vraiment dans le Kyudo, c’est la personnalité, les qualités humaines, la force de caractère, la connaissance de soi, le respect des autres..

Le "Tir parfait" du Kyudo ne dépend pas de la force, ni même de l’adresse. Il est le résultat d’une pratique sincère qui aura permis d’apprendre à réaliser le geste juste, basé sur une posture corporelle correcte, une respiration équilibrée, et une attitude mentale harmonieuse.

Les fruits de cette pratique ne se révèlent pas seulement sur le pas de tir, mais se récoltent aussi dans la vie de tous les jours.

Elle contribue ainsi à acquérir un bon maintien corporel trop souvent compromis par la vie sédentaire.

 

 

LE TIR

 

Le tir avec un tel arc exige une technique spéciale qui rend hommage aux qualités de l’arc. L’archer, qu’il soit droitier ou gaucher, tient toujours l’arc de la main gauche. Il ouvre l’arc au-dessus de sa tête et amène sa main droite qui tire la corde au-dessus de son épaule droite. À cet instant, il est dans l’arc. La courbe de l’arc au-dessous de la poignée est considérée comme masculine, dynamique et puissante, et la courbe au-dessus est dite féminine, empreinte de délicatesse et de réceptivité. L’archer exprime cet équilibre universel des contraires pour ouvrir avec élégance, dignité et sérénité un tel arc. "Lorsque l’équilibre dynamique de l’arc se confond avec celui du corps de l’archer, au moment où l’arc et la flèche sont tendus, une figure circulaire d’une grande beauté se forme".

La pratique du Kyudo est sans fin ; la récompense n'est pas d'atteindre à la perfection, mais de la poursuivre sans relâche. Il faut d'abord apprendre les bonnes techniques de façon à pratiquer correctement. Et ensuite, il faut passer sa vie à essayer de rendre son tir pur.

 

 

Le KYUDO met l’accent :

- Sur la posture et l’étiquette.

- Sur la symbolique, plaçant l’homme en tant que médiateur entre le Ciel et la Terre, la corde étant l’axe.

- Sur la concentration, la coordination des mouvements.

- Sur la synchronisation avec la respiration.

- Le Hyoshi, le rythme, lors du tir et des déplacements en groupe.

- Le Maai, prise de conscience de sa place dans l’espace du Dojo par rapport aux autres, lors des Kata.

 

SHAHO-HASSETSU - Les huits étapes du tir.

L’application correcte des techniques de tir au tir lui-même s’appelle le Shaho (Principes de tir). Dans l’entrainemnt Kyudo, il est essentiel de comprendre les critères que définissent le Shaho.

Il y a longtemps, le Shaho décrivait le tir d’une flèche en 7 étapes et s’appelait alors Shichido ou Gomi-Shichido. Le Shaho moderne inclut une 8ème étape, le Zanshin qui est celle suivant le lâché de la flèche. Le tireur maintient les extensions verticale et horizontale du corps mises en place un peu avant le départ de la flèche. Il maintient cette posture dynamique après le lâché, afin de s’assurer qu’à l’instant du tir, la flèche vole avec le maximum d’énergie libérée par l’arc.

Bien que le tir lui-même comporte huit phases distinctes et consécutives, celles-ci ne se déroulent pas indépendamment mais constituent un cycle complet, dans lequel il n’y a pas de séparation.

 

SHAHO-HASSETSU - Les huits étapes du tir.

 

Les 8 étapes du tir se déroulent comme suit:

1 . Ashibumi - Enracinement des pied

2. Dozukuri - Mise en place du torse

3. Yugamae - Mise en garde de l'arc

4. Uchiokoshi - Elévation de l'arc

5. Hikiwake - Ouverture de l'arc

6. Kai - Pleine extension

7. Hanare - Lacher

8. Zanshin - Rémanence - Lorsqu'on tire, les huit étapes décomposées ci-dessus doivent former un cycle complet, sans coupure. Ainsi, comparant les huit étapes du tir à une tige de bambou qui comporterait huit noeuds, on peut considérer d'une part qu'il y a huit noeuds indépendants, et d'autre part qu'ils sont intimement liés entre eux en une seule et même tige.