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IREZUMI

 

 

Irezumi désigne une forme particulière de tatouage traditionnel au Japon, qui couvre de larges parties du corps, voire son intégralité. Il peut s'étendre du cou jusqu'au bas des fesses, sur la poitrine et sur une partie des avant-bras. On utilisera plutôt le terme Horimono pour désigner l'ensemble des styles. Les tatouages "'Irezumi" glorifiés au Moyen Age, furent interdits au début de la période Meiji (1868), le gouvernement désirant normaliser leurs apparences viv à vis des Occidentaux. A l'heure actuelle, l'Irezumi et le tatouage en général, est considéré par une majorité de japonais de manière négative, comme étant une marque d'appartenance aux Yakuza.

 

 

Différentes dénominations

Le mot peut s'écrire de plusieurs manières différentes, qui ont toutes une connotation légèrement différente. Izuremi s'écrit le plus souvent en caractères chinois, littéralement "Insertion d'encre". Les caractères qui se prononcent aussi Bunshin suggèrent "Décorer le corps". D'autres a une signification plus ésotérique, s'écrivant avec les caractères qui signifient "Rester" ou "Perdurer" et "Bleu" ou "Vert", et font probablement référence à la principale nuance d'encre sous la peau.

 

 

Histoire des tatouages japonais

 

 

Les archéologues auraient retrouvé des figurines en terre cuite dont le corps est orné de motifs peint ou gravés, datant de 5000 avant J.C. Ces figurines étaient placées dans les tombeaux, en guise de protection religieuse ou/et magique.

Les premiers témoignages humains sur l'utilisation du tatouage au Japon datent du 3éme et du 4éme siècle et proviennent d'observateurs chinois . Il semblerait que le peuple Aïnou, les premiers habitants du Japon, utilisaient le tatouage dans un but décoratif et social, durant la période Jomon (De -10000 à -300 avant JC). Les hommes comme les femmes étaient tatoués :

  • Les hommes étaient tatoués pour désigner leur appartenance à un clan ou un métier particulier (Notamment les marins) et le tatouage était alors censé protéger des esprits.
  • Les femmes étaient marquées par un tatouage recouvrant les bords de la bouche et remontant légèrement sur les joues chez les femmes mariées. Cette dernière tradition a perduré jusqu'à très récemment, malgré son interdiction dès 1871.

 

 

Ces tatouages étaient mal vus par les chroniqueurs chinois, car l'acte de tatouer était considéré comme barbare dans leur culture. Il n'y a pas de lien connu entre ces tatouages Aïnous et le développement des Irezumi.

Le Bouddhisme se répandit peu à peu au Japon, et avec lui, la pensée chinoise. Au début de l'ère Kofun (300-600 après J.C), les motifs des tatouages commencèrent à avoir des connotations négatives. Au lieu d'être utilisés pour des rituels ou comme représentatifs d'un statut, on a commencé à tatouer les criminels en guise de punition. Cette punition remplace l'amputation du nez et des oreilles, en vigueur auparavant. Le criminel était marqué d'un cercle autour du bras pour chaque infraction, ou d'un caractère sur son front.

 

 

 

La réalisation

 

Rajout de couleur sur un Irezumi

 

Malgré certains changements dans le procédé, dont la stérilisation des outils, ou l'utilisation d'une machine à tatouer électrique pour compléter certaines des lignes de leurs tatouages, les rituels de base, les méthodes et les dessins d'Irezumi sont restés inchangés depuis des siècles. C'est un milieu très fermé, préservant la tradition et de la préservation de l'Irezumi comme forme d'art, au même titre que l'Ikebana (Arrangement floral) ou le rituel du Chanoyu (Cérémonie du thé). Pour pouvoir accéder à un tatouage Irezumi, il faut passer par plusieurs étapes.

 

L'artisan tatoueur

 

 

La personne qui veut se faire tatouer doit d'abord trouver un artiste tatoueur traditionnel. Cette recherche peut s'avérer être une tâche décourageante. Ces artistes sont souvent étonnamment secrets et, fréquemment, les présentations se font uniquement par le bouche à oreille.

 

 

 

Planches techniques Irezumi

 

Un artiste tatoueur traditionnel se forme pendant plusieurs années auprès d'un Maître. Il (Car ce sont presque exclusivement des hommes) vivra parfois dans la maison de son Maître. Il peut passer des années à nettoyer le studio, observer, pratiquer sur sa propre chair, fabriquant les aiguilles et autres instruments requis, mélangeant les encres et copiant méticuleusement les motifs faisant partie du book de son Maître, avant qu'il ne soit autorisé à tatouer les clients. Il doit maitriser toutes les techniques complexes requises pour répondre aux demandes de ses futurs clients. Dans la plupart des cas, son maître lui donnera un nom de tatoueur, comprenant le plus souvent le mot "Hori" (Graver) et une syllabe dérivant du propre nom du Maître ou un autre mot significatif. Dans quelques cas, l'apprenti prendra le nom du Maître.

 

Définition du motif et des contours

Après une première consultation durant laquelle le client dira au tatoueur le motif qu'il souhaite (Une fois encore, les clients sont principalement des hommes, bien que les femmes portent aussi des Irezumi, elles sont très souvent les femmes ou petites amies des artistes tatoueurs) et le travail débute par le tatouage des contours. Habituellement, cela se fera sur une séance, souvent à main levée (Sans recourir à un pochoir), ce qui peut demander plusieurs heures de travail avant d'être finalisé. Quand le contour est terminé, l'ombrage et la coloration sont réalisés au cours de séances hebdomadaires, dès que le client a de l'argent à y consacrer. Quand le tatouage est fini, l'artiste "Signera" son œuvre.

 

Les femmes aussi arborent les Irezumi

 

Les tatoués gardent fréquemment leurs marques secrètes, les tatouages étant encore considérés comme un signe de criminalité au Japon, particulièrement par les seniors, et sur le lieu de travail. Ironiquement, beaucoup de Yakuza et de criminels eux-mêmes évitent de se faire tatouer pour cette raison.

 

 

 

Symbolisme

Des images sont présentes de manière récurrente dans les tatouages traditionnels japonais, et ont une signification particulière. Souvent, ils présentent des qualités ou des défauts, soit possédés, soit souhaités. Au Japon, les Irezumi se contentent de représentations de faune ou de flore, de motifs religieux, de héros et de figures folkloriques.

 

Tatouage de style Irezumi , composé de de 2 carpes koï

 

 

Flore :

                • La pivoine : symbolise la richesse et la bonne fortune 
                • Le chrysanthème : fermeté et détermination 
                • La fleur de cerisier : symbolise le caractère éphémère de la vie 
                • Le lotus

                 

Dessins animaliers :

 

                • Le lion  : symbolise la protection
                • Le tigre  : Un des héros de Suikoden avait un tigre tatoué sur son dos.
                • La carpe (en général, une train de nager en amont, et une en aval) : le courage
                • Le serpent

 

Bêtes mythologiques  :

 

                • Dragons
                • Qilin
                • Baku
                • Ho-o (Phoenix)

                 

Religion et littérature :

 

                • Personnages du folklore et de la littérature traditionnels tel que Suikoden
                • Images inspirées par les estampes de l'Ukiyo-e  : Geisha, Samourai
                • Bouddha et déités Bouddhistes telles que Fudo Myo-o et Kannon
                • Shinto Kami (Déité telle que Tengu

                 

Différents modèles de tatouages d'un clan de Yakuza

 

 

Les Yakuza et l'Irezumi

Le rituel le plus pratiqué au sein de la communauté reste le rituel du tatouage, plus connu sous le nom d'Irezumi au Japon.

Sa mise en place est très douloureuse, car elle se fait encore de manière traditionnelle, l'encre est insérée sous la peau à l'aide d'outils non électriques, des faisceaux d'aiguilles fixés sur un manche en bambou ou plus récemment en acier inoxydable (Donc stérilisables), fabriqués à la main. Le procédé est onéreux et douloureux, et certains tatouages sur l'intégralité du corps peuvent demander des mois, voire des années de travail.

Plus de 68% des Yakuza seraient tatoués et chaque clan possède son tatouage particulier. Cette pratique est originaire des Bakuto, dont les membres se tatouaient un cercle noir autour de leurs bras à chaque crime commis. C'est aujourd'hui plus la résultante d'une volonté des clans de se différencier, et une preuve de courage et de fidélité envers leur "Famille", car le procédé est irréversible.

 

 

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